Lisa Louvard est PE remplaçante dans le centre de la Manche. Pour elle, aucun jour ne ressemble à un autre. Mais à coup sûr, elle fait de l’EPS ! Elle expose à Claire Pontais différentes configurations et ce qu’elle fait pour prendre des décisions rapidement.
Tu es remplaçante depuis 7 ans. Peux-tu m’expliquer comment cela se passe pour l’EPS ? l’enseignes-tu régulièrement ou pas ?
Tout d’abord, quand tu es remplaçante, si tu veux que la journée se passe bien, il ne faut pas supprimer l’EPS ! Les élèves aiment ça, c’est donc une façon de les respecter et de leur faire plaisir.
La particularité d’un remplacement, c’est que pas un jour ne ressemble à un autre. Tu as différentes configurations et il faut prendre des décisions très vites.
Sur un remplacement d’un jour, tu as le remplacement prévu ou imprévu. S’il est prévu, la plupart du temps, la ou le titulaire t’a donné une fiche de route pour les maths et le français. Pour le reste, tu es plus ou moins libre, en général. Au mieux, tu sais que tu as un créneau EPS prévu, mais si un projet est en cours, soit le-la titulaire souhaite le poursuivre sans interférence, soit c’est trop compliqué à expliquer, donc tu as carte blanche.
Si c’est un remplacement imprévu, la première question que je pose en arrivant est : ai-je le gymnase ou la cour pour faire EPS ? Autant te dire que ça se complique sérieusement si on m’annonce que c’est char à voile ou natation…!
Si j’arrive sur un remplacement plus long, je prends le temps d’analyser la situation, parce qu’il y a souvent beaucoup de contraintes à gérer pour l’EPS. Donc le premier jour, je fais comme pour un remplacement court et ensuite je m’organise. Ensuite, je suis guidée par les mêmes objectifs que si j’avais une classe à l’année : donner du sens, les faire progresser, établir des règles de fonctionnement de classe, etc.
J’imagine que tu ne te fixes pas les mêmes objectifs sur un remplacement court ou long …
Quel que soit le type de remplacement, le principe qui me guide, c’est d’assurer au maximum la continuité pédagogique avec la ou le titulaire. C’est un premier contrat de confiance avec les élèves. Si la maîtresse est malade on lui écrit, on fait des affiches pour l’informer de ce qu’on fait, etc. Il y a des exceptions, mais c’est rare. Dans toutes les disciplines et en EPS également, l’idée de s’entraîner à ce qu’ils sont en train de faire avec leur maitre.esse a toujours du sens pour eux.
Sur un remplacement d’un jour, je demande aux élèves ce qu’ils sont en train de faire en ce moment…. Pas à tous les élèves… je faisais ça au début, mais c’est la pagaille ! Seulement à quelques-uns, pendant la récréation du matin. Soit je décide de poursuivre, soit je fais un jeu à part.
Pour la maternelle, j’ai toujours dans ma voiture un grand parachute (jeu coopératif) qui me permet de les mettre en activité 30 mn sans avoir la contrainte de les faire progresser. Mais en général, en maternelle, l’ATSEM est une personne ressource essentielle, y compris pour l’EPS.
Pour l’élémentaire, je fais souvent une balle au prisonnier, ou une balle au capitaine (mêmes principes que le hand-ball)…mais il me faut d’abord vérifier que j’ai au moins 2 jeux de dossards et deux ballons ! Je commence souvent par une situation de jeu classique avec 2 grandes équipes, je repère assez vite les niveaux, ce qui me permet d’adapter le dispositif et les contraintes. Je peux par exemple faire deux jeux sur des terrains de taille différente en fonction des niveaux et de l’effectif du groupe. Je ne peux pas aller beaucoup plus loin. S’ils ont été en activité réelle 30 mn, qu’ils ont compris l’intérêt de modifier les équipes et qu’ils ont réfléchi un peu à ce qu’ils ont fait, je suis satisfaite.
Sur un remplacement plus long, où je sais que je vais devoir enseigner 3 à 10 séances d’EPS. Je compose en fonction des équipements.
Trois exemples :
Je peux reprendre la balle au prisonnier, en allant plus loin. Pour les élèves qui frappent très fort sans réfléchir, j’insiste sur la maîtrise des trajectoires et la prise d’informations. « Je sais que vous êtes forts et costauds, mais maintenant, vous devez être précis » ! Je prends le temps de faire des exercices par deux (un vise, l’autre esquive ou attrape), mais cela suppose d’avoir assez de ballons…
Pour aller plus loin : voir fiche balle au prisonnier
Pour un jeu ou sport collectif, je fais des matches d’abord avec leur règlement et puis je fais évoluer les règles si besoin en fonction de ce qu’ils font. Parfois les règles qu’ils me transmettent ne me conviennent pas (je vois d’avance les dérives), alors je propose une autre règle en expliquant pourquoi. Parfois les règles qu’ils ont données entraînent des dérives (au foot par ex) et là, je décide autoritairement de changer la règle en disant tout simplement « avec moi, le foot de l’école, c’est comme ça ! », j’essaie de le faire passer avec humour « est-ce que je ressemble à votre maîtresse, non ? Et bien avec les règles, c’est pareil, elles ne sont pas les mêmes !». Il faut s’autoriser de modifier les dispositifs en cours de route, c’est un principe d’efficacité !
Si je dispose d’une salle avec des tapis, j’aime bien faire de la lutte (ou du badminton), parce qu’ils jouent et voient leurs progrès assez vite. Je commence par une montante descendante pour repérer rapidement leurs niveaux et brasser le groupe. Ensuite, je les observe et leur donne des objectifs individuels. Je t’ai observé pendant le match, tu as fait ceci ou cela… Il faudrait que tu essaies de l’attraper plus comme ci, comme ça… ». Avec une classe à l’année, je mettrais des observateurs, mais, sur un remplacement court, c’est trop long à mettre en place, et plus encore si les enfants n’ont pas l’habitude. Pour aller plus loin, voir fiche lutte
Est-ce que ça t’arrive d’être obligée d’enseigner des APSA que tu ne maîtrises pas !
Oui ça arrive ! Quand on me dit : « Dans trois semaines, tu dois présenter les élèves aux rencontres pour la danse » ou « Tu dois organiser la sortie vélo » (activité dans laquelle je ne suis pas du tout à l’aise moi-même) ou la sortie course d’orientation !
Les rencontres sportives – qui boostent les collègues – sont pour moi une pression supplémentaire. Dans ce cas-là, j’appelle à l’aide.
En premier, la titulaire si elle est accessible (mais c’est toujours délicat puisqu’elle est en arrêt), en deuxième les collègues de l’école. Les conseillers pédagogiques sont également de bonnes ressources.
En conclusion, je fais a priori tout ce qu’on me demande pour assurer la continuité pédagogique et la sécurité des élèves, mais je m’autorise les adaptations nécessaires pour un déroulement efficace. Et, je m’aperçois en te racontant tout ça, que la durée de la mission me donne un cadre, et c’est ce j’aime avec dans la mission de remplaçante !
Pour aller plus loin :
Sur des séances courtes et isolées, on peut aussi : Sauter à la corde ou jongler avec des balles (on peut les fabriquer*) ou faire des exploits avec un ballon ; Jouer aux gendarmes et voleurs ou tout simplement faire un footing, c’est à dire apprendre à courir le plus longtemps possible sans s’arrêter (donc il faut courir doucement). Tous les liens suggérés ici proposent des modules plus longs (jusqu’à 12 séances) si votre remplacement dure plus longtemps !
Contact : primaire@eps.mllevans.fr pour plus de renseignements.