Quels principes pour une pratique physique adaptée au handicap ?

Les principes énoncés ici sont extraits d’un livre de la FSGT intitulé Des jeux, des enfants, des sports et des pratiques handi-valides (pratique partagée entre enfants en situation de handicap et valides) édité en 2011 par Les Cahiers du sport populaire (FSGT) et le Journal de l’animation.

Jean-Pierre Garel

Une pédagogie adaptée n’est pas une pédagogie spéciale

La démarche proposée pour rendre accessible des pratiques ludiques et sportives aux enfants en situation de handicap n’est pas tout à fait originale. Si les adaptations présentées sont parfois singulières, en raison de difficultés et de ressources particulières, les questions didactiques et pédagogiques qui y conduisent sont, dans leurs grandes lignes, bien souvent les mêmes qu’avec des valides.

D’ailleurs, on retrouve dans le livre de la FSGT (Tome 2) des propositions d’adaptations déjà présentes dans les fiches pour des enfants «ordinaires» (Tome 1). On ne cherche donc pas à promouvoir et mettre en œuvre une pédagogie spéciale pour enfants «anormaux», mais une approche guidée par l’attention à la réussite de tous-tes et de chacun et chacune. D’où son intérêt : les réflexions à propos d’une population en marge de la norme peuvent nourrir ce qui est conçu pour le plus grand nombre.

Une conception exigeante des pratiques partagées

Une activité physique et sportive partagée doit avoir pour l’enfant en situation de handicap une importante dimension ludique, mais si le plaisir vécu lors de sa pratique est un puissant mobile à agir, il n’est pas forcément donné a priori : il se construit.

Et cette construction se fonde sur un accroissement du pouvoir d’action, auquel concourent des apprentissages. Si un enfant n’arrive pas à réussir suffisamment pour vivre de façon gratifiante sa présence parmi les autres, le plaisir risque de ne pas émerger ou de ne pas se maintenir.

L’attention aux enfants en situation de handicap ne doit pas conduire à négliger les autres, qui posent a priori moins de problèmes : tous les enfants doivent gagner à une pratique partagée.

La référence à l’égalité et à l’équité

Dans un souci d’équité, lors de jeux, on a proposé d’accorder parfois aux enfants en situation de handicap des droits particuliers. Cette inégalité des droits propres à une activité vise l’égalité des chances, mais il faut veiller à ce que cette faveur en direction d’enfants en difficulté ne soit pas une entrave à des progrès qui sont ou deviennent à leur portée. Prendre en compte les différences vise à les réduire, pas à les fixer.

L’attention conjuguée à différencier et à réunir

La différenciation des adaptations, parfois nécessaire pour prendre en compte les singularités d’un enfant, se conjugue avec l’attention à réunir autant que possible les pratiquants autour de ce qu’ils peuvent partager : un même espace, un même temps, une même activité, des compétences ou des savoir-faire semblables (au saut en longueur, par exemple, il s’agit bien d’arriver à lier course et impulsion, pour l’enfant aveugle comme pour le voyant), des émotions, une culture, des moments de convivialité, un sentiment d’appartenance à une communauté.

Nous vous invitons à découvrir le livre de la FSGT. Il est téléchargeable gratuitement sur le site en e-book ou en pdf . Il présente une centaine de fiches de jeux fiches de jeux adaptés pour une pratique partagée entre enfants en situation de handicap et valides, dans de nombreuses activités sportives, plus la danse, à proposer aux jeunes de 6 à 15 ans (voire au-delà pour des débutant∙es).
Au coeur des contenus sportifs proposés, il y a le jeu et l’idée que les enfants y mobilisent l’ensemble de leurs capacités pour progresser en jouant.

En plus des fiches de jeux, il y a une partie méthodologique avec des connaissances sur les principaux types de déficience et des éléments de méthodologie susceptibles de guider une démarche d’adaptation.

Nous la présentons ici :

  • les adaptations à prévoir avant l’intervention (que l’on peut évidemment ajuster en cours de jeu), déclinées en termes de variables didactiques,
  • l’accompagnement de l’enfant durant son activité,
  • les principes orientant les adaptations proposées

Pour aller plus loin : voir le Contrepied HS N°12 – EPS, Sport et handicap – avril 2015