[Vidéo] Apprendre à nager
Un film qui bouscule les idées reçues

Ce film réactualise les travaux de R. Catteau qui a révolutionné l’enseignement de la natation dans les années 70. Il décrit les étapes par lesquelles un.e débutant.e doit passer pour apprendre à nager.

Film et entretien avec Marc Begotti, professeur de sport


*Ce film est une production de la ligue de natation Auvergne Rhône Alpes, avec le soutien de la DRDJSCS Auvergne Rhône Alpes.

Marc Begotti, a conçu ce film dans la lignée de « Digne dingue d’eau » (1977) de Raymond Catteau, film qui à l’époque a représenté une révolution dans l’apprentissage de la nage. « Je voulais montrer qu’avec une progression simple à comprendre, une professeure des écoles, non spécialiste en natation, pouvait apprendre à nager à un groupe d’enfants en une dizaine de séances massées sur une semaine ».

Dans l’apprentissage classique, on apprend des gestes de brasse, de crawl…, et on commence dans un bassin en petite profondeur. Ici, il s’agit d’abord de « construire le corps flottant », première étape du savoir nager, qui permettrait d’éviter bien des noyades. Les élèves sont donc confrontés d’emblée à la grande profondeur qui va imposer de transformer un fonctionnement de terrien qui ne convient plus à ce nouveau milieu.

Le film illustre bien la façon de franchir les obstacles aux apprentissages (psychologiques, physiologiques…) et les transformations successives nécessaires.
Il présente toutes les étapes nécessaires à la construction de ce « corps flottant », précise et décrit les comportements caractéristiques qui témoignent des acquisitions. Cela donne ainsi des repères précis de lecture de ce que font, ou non, les élèves.


Dans l’apprentissage classique, on utilise également du matériel de flottaison (brassards, ceintures, planches…). Ici, « pas de prothèses et pas d’aménagement du milieu ! » nous dit Marc Begotti. Mais une succession de buts à atteindre avec des critères de réussite clairs et précis qui supposent une transformation du fonctionnement des élèves pour être atteint.


Les séances sont menées par une enseignante Sandrine Favrot bien que l’expérience n’ait pas eu lieu sur le temps scolaire.
Marc Begotti y tenait :
« c’est la professeur d’école qui est responsable de l’enseignement. Bien sûr, elle peut bénéficier de l’aide d’un MNS, mais je pense que c’est l’enseignante la mieux placée. Il y a un contrat didactique implicite entre elle et ses élèves, qu’il n’y a pas avec un MNS. De plus, elle connait ses élèves, sait comment les solliciter, les faire travailler ensemble. Elle est attentive à leurs émotions inhibitrices ou stimulantes. La chronologie de construction que nous proposons consiste à passer d’une étape à l’autre seulement quant le but fixé à été atteint. En suivant ce cheminement didactique, on constate que les progrès sont rapides ».


Nous avons donc rencontré l’enseignante, Sandrine Favrot, pour en savoir plus sur l’ensemble du processus.

Professeure des écoles, elle n’est pas une enseignante banale puisqu’elle est « officielle » à la fédération Française de Natation et élue au comité Auvergne Rhône Alpes (ARA). C’est par ce biais qu’elle rencontre Marc Begotti. Elle n’est cependant ni MNS ni entraineure.

« C’est avec grand plaisir que j’ai mené ce projet avec 10 enfants (dont 8 de mon école) à la piscine pendant une semaine, à raison de 2 séances par jour. La première étape du travail a été de prendre connaissance de la progression, de façon à ce que je puisse mener les séances le plus possible en autonomie. Ensuite, on a défini la notion de « débutant » pour pouvoir communiquer avec les parents et choisir les enfants qui feraient le stage : « Est débutant un enfant qui ne peut pas aller dans le grand bain sans matériel de flottaison ».

Aucun enfant n’était donc autonome au départ, mais le groupe était tout de même hétérogène avec certains qui avaient une réelle appréhension de l’eau. Ensuite, pour chaque séance, Sandrine a suivi la progression proposée dans le film. A chaque fin de séance, elle faisait le point avec les élèves et avec l’’équipe de tournage. « Dans l’ensemble, je n’ai pas eu besoin de beaucoup de conseils entre chaque séance, j’ai réussi à réguler à partir des éléments d’observation donnés dans le document accompagnant le film ».
Elle a cependant constaté que les étapes définies théoriquement avaient des durées très différentes.


Les 4 premières étapes sont allées vite (déplacements le long du bord, mettre la tête dans l’eau) et les étapes 4,5, 6 ont duré plus longtemps (aller au fond de l’eau, entrer dans l’eau en boule…).

Elle a pu cependant- dans le cadre qui lui est imposé – réinvestir avec sa classe ce qu’elle a appris grâce au film : limiter au maximum le matériel de flottaison, faire travailler ses élèves tous en même temps et ensemble (par exemple : la coopération pour descendre au fond (avec les mains, les fesses) de la piscine en s’aidant de l’autre, se laisser remonter sans impulsion sur le sol, se mettre en boule). « Je leur ai aussi proposé un cahier de natation pour les focaliser sur leurs apprentissages ».

.

Nous conseillons donc à tous les enseignant.es, profs d’école ou professeurs d’EPS, de visionner ce film. Ils et elles y trouveront tous les éléments pour la première phase d’enseignement de la natation : « construire le corps flottant ». Les étapes suivantes : « construire le corps projectile » et « construire le corps propulseur » sont en préparation. Marc Begotti, espère que le CREPS de Auvergne-Rhône-Alpes obtiendra les financements pour qu’il voit le jour.

En attendant, vous pouvez trouver une mine d’informations sur le site de Raymond Catteau « La natation de demain »

Entretiens réalisés par Claire Pontais