
Tendre vers 3 à 4 séances d’EPS par semaine

Les 3 heures d’EPS inscrites dans les programmes ne sont pas assurées en totalité à l’école élémentaire, notamment à cause du manque d’équipements et de la pression sur les maths et le français.
Au delà de la revendication d’équipements proches de l’école, que faire pour se rapprocher le plus possible des horaires officiels d’EPS, en élémentaire ? Voici quelques pistes de travail.
Claire Pontais
Développer le goût du sport, entrer dans la culture physique, sportive et artistique de son temps, prendre l’habitude pratiquer les activités de son choix… sont des enjeux très importants pour le développement des enfants et la réduction des inégalités. La mesure imposée par le ministère de « Bouger 30 minutes par jour » n’était pas du tout à la hauteur des ambitions. Cependant, elle a mis en évidence la nécessité d’assurer mieux qu’aujourd’hui les séances d’EPS à l’école élémentaire pour tendre vers les 3 heures officielles.
Tendre vers 3 à 4 séances d’EPS par semaine
Les 3 heures d’EPS inscrites dans les programmes ne sont pas assurées en totalité à l’école élémentaire, notamment à cause du manque d’équipements et de la pression sur les maths et le français. Mais certaines écoles « que nous avons « vitaminées » réussissent. Alors pourquoi pas partout ?
Il existe de nombreux obstacles qu’il ne faut pas nier. (Voir assurer les horaires, quels obstacles), mais il est tout de même possible d’augmenter le nombre de séances dans le contexte actuel.
Selon les écoles, la situation est différente, mais dans tous les cas, si on peut utiliser un gymnase ou une salle d’EPS une à deux fois par semaine, mais il quasiment impossible de réussir à faire 3 à 4 séances sans se servir de la cour d’école. Or, celle-ci n’est pas toujours aménagée, voire parfois même peu utilisable pour l’EPS quand elle est végétalisée.
Certains préconisent des faire des « petits jeux » (type Bouger 30 minutes), nous faisons d’autres choix.
Pistes de travail :
- Limiter la préparation pour l’enseignant.e en utilisant un jeu de référence. Voir jeu de référence et démarche d’apprentissage
- Choisir des APSA qui n’exige pas trop de matériel (jeux traditionnels, course, saut à la corde, jonglerie…),
- Faire des séquences d’apprentissages longues (voir Comment « tenir » 12 séances et Jeu de référence et démarche d’apprentissage)
- Alterner séances courtes , séances longues
- Organiser des rencontres sportives sur le temps scolaire, parce que c’est un des moyens de dynamiser l’EPS dans les écoles, de finaliser les apprentissages d’une manière festive (voir les rencontres scolaires, ça booste)
Alterner séances courtes- séances longues
Faire une séance courte d’EPS (30 minutes) peut avoir son efficacité si on ne la confond pas avec un petit jeu de centre aéré, ou une somme d’exercices dont les élèves se lasseront vite. Il y a différentes possibilités :
- soit la séance courte est une entité : tous les lundis, pendant 8 semaines, nous faisons un jeu collectif pendant 30 mn, puis ensuite ce sera de la course, etc …
- soit la séance courte est un « entrainement » en rapport avec la séance longue. Exemple : nous allons au gymnase faire des sports collectifs tous les lundis. Le jeudi , nous faisons un entrainement. : entraînement eu tirs, au dribble, au démarquage dans un jeu réduit ( par exemple : 2 contre 1 ou jeu de passes à dix). les élèves font la relation entre les problèmes identifiés lors de la séance longue et donnent du sens à cette séance d’entrainement.
Cela nécessite d’installer quelques routines de travail pour ne pas perdre de temps, et surtout de ne pas multiplier les situations, mais plutôt un seul jeu de référence que l’on retrouve à chaque séance, qu’elle soit courte ou longue. Voir jeu de référence et démarche d’apprentissage
Quelques exemples de jeux de référence pour des séances de 30 minutes
Voici quelques jeux de référence qui peuvent se faire dans la cour d’école et qui ne nécessitent pas une longue mise en place (exceptée la première séance, toujours plus longue pour prendre le temps de comprendre le dispositif et les règles) :
- Saut à la corde : le but est de faire un spectacle de saut à la corde. Pour cela, il faut apprendre à sauter (une corde par personne). La référence culturelle est un « mélange » de cirque, de GRS et de double-dutch (voir les vidéos). La séquence dure 10 à 12 séances.
- Exploit avec ballons : le but du jeu est de faire un spectacle en faisant les exploits les plus difficiles possibles avec un ballon (rebonds et lancers-rattraper). La séquence dure 10 à 12 séances. Il faut impérativement un ballon par personne. On peut aussi faire la même situation avec des balles de jonglage (exploits à une, deux ou trois balles), ou encore avec un ballon de baudruche
- Course de vitesse : 5 mn d’échauffement (course tranquille + quelques d’étirements pour ne pas avoir mal aux jambes). But du jeu : courir le plus vite possible en 6 secondes, il faut choisir son couloir et essayer de battre son record. Sur le même dispositif, on peut ensuite faire des courses de relais. La même situation peut être proposée pour du lancer athlétique (lancer une balle le plus loin possible)
- Course longue : des collègues ritualisent la formule « footing » : « « Le lundi, on court ! Je n’oublie pas mes baskets ! »), c’est une situation simple qui a du sens socialement. Les enfants pourront ensuite aller courir avec leurs parents ! La finalité peut être une rencontre de course longue (voir Courir 12 minutes pour un marathon collectif)
- Un jeu traditionnel type gendarmes et voleurs peut être une très bonne situation d’EPS à condition de ne pas éliminer les élèves débutants. Pour un jeu collectif, les premières séances sont toujours un peu plus longues, mais une fois que le jeu est en place, des séances de 30 minutes sont suffisantes pour stabiliser les apprentissages et avoir une grande dépense énergétique.
- Et aussi … des séquences de danse expressive avec l’apprentissage d’une courte phrase gestuelle qui deviendra plus tard une chorégraphie (voir) ou encore des danses traditionnelles que les enfants ont apprises lors de séances plus longues.
Les activités physiques, sportives ou artistiques (APSA) doivent être traitées spécifiquement pour la pratique scolaire, mais ce traitement doit garder l’essence de l’activité, c’est essentiel pour que les élèves donnent du sens. Le principe de base est toujours un jeu de référence avec un but du jeu très clair, des critères de réussite très explicites, une organisation ritualisée, et une ambiance d’EPS (règles définies, je réfléchis à ce que je fais…).
Nous avons conscience que la mise en œuvre de telles propositions ne peut se faire qu’avec un certain nombre de conditions. C’est pourquoi les deux syndicats de la FSU (SNEP-FSU et SNuipp-FSU) vous invite à revendiquer des bonnes conditions de travail, en priorité : des équipements dans l’école pour éviter les pertes de temps, de la formation initiale et continue, de l’accompagnement de la part des CPC EPS pour aider à la mise en oeuvre de projets et impulser des rencontres sportives, et un soutien à l’USEP pour développer le sport scolaire. Voir 20 mesures pour le développement de l’activité physique, l’EPS et le sport scolaire.
