La programmation des activités physiques, sportives et artistiques pour une classe ou pour l’école est une question fondamentale pour les équipes enseignantes.
Voici quelques repères horaires, repères pour choisir celles-ci en maternelle, ainsi que des repères d’acquisitions en fin de Grande Section
A l’école maternelle, il s’agit de privilégier une activité fonctionnelle et signifiante, qui va solliciter de la part de l’élève une adaptation aux exigences de divers milieux. Par les expériences qu’elle permet, les émotions qu’elle suscite, l’EPS participe à une véritable connaissance corporelle du monde, elle permet le développement d’un langage corporel qui donne de nouveaux pouvoirs comme en donne le langage oral.
L’EPS doit permettre à l’élève de transformer sa motricité quotidienne en une motricité « extra-ordinaire», porteuse de pouvoirs d’agir nouveaux. Cela nécessite que, dès la maternelle, chaque enfant s’implique dans un projet d’activité qui fait sens pour lui. Pour cela, il doit comprendre le but du jeu, les contraintes de la situation (les règles, les espaces,..), les critères de réussite, et progressivement prendre conscience de ce qu’il fait, et de ce qu’il doit apprendre.
Grâce à Ainsi, en EPS, les élèves mobilisent de manière originale des processus cognitifs (apprentissages langagiers, rôle de l’erreur…), qui les fait progresser et les aident à mieux comprendre ce que l’école attend d’eux.
L’EPS, c’est aussi apprendre ensemble. La dimension collective des apprentissages fait de la présence de l’Autre une condition pour réussir soi-même. Grâce à la compréhension de règles, les élèves intègrent des normes communes1. En jouant des vrais « rôles sociaux » (acteur, spectateur, juge, arbitre, observateur…), les élèves apprennent à être de plus en plus autonomes et à prendre des responsabilités.
Assurer les horaires et augmenter le temps de pratique
Quelques repères pour la maternelle :
3 heures d’EPS par semaine : cela correspond à une séance par jour de 30 à 45 mn effectives 2.
La durée d’un module d’apprentissage : 12 à 15 séances (c’est un minimum pour que des transformations s’opèrent et se stabilisent).
Dans chaque séance, la quantité d’activité doit être un objectif prioritaire (actuellement 5 minutes en moyenne. C’est trop peu). Pour cela, proposer :
- Des contenus qui permettent aux élèves de s’engager avec plaisir dans l’action à partir de ses propres compétences
- Des formes de travail offrir un maximum de liberté de mouvement (éviter les « parcours » et leurs files d’attente
- Une situation stable pendant la durée du module pour éviter de changer toutes les règles et consignes à chaque séance. (voir nos situations testées)
- Travailler en classe avant/après la séance (langage) à partir du vécu collectif.
Comment choisir les activités physiques sportives et artistiques ?
Les programmes du cycle 1 donnent des repères, mais ne sont pas totalement explicites en termes de référence culturelle (alors qu’ils sont très explicites pour les arts) dans les 4 champs d’apprentissages, notamment celui où il s’agit d’apprendre « se déplacer dans des environnements variés ».
Or, lorsque le milieu est sécurisé et stimulant, les élèves savent se reconnaitre « petits nageurs », « petits danseurs », « petits acrobates », « petits grimpeurs », « petits coureurs », etc. Ils savent faire la différence entre l’athlétisme (projet de performance : sauter le plus loin possible) et la gymnastique (épater des spectateurs : sauter pour arriver sur ses pieds). Avec un ballon, leur projet n’est pas le même suivant qu’il s’agit de GR ou jonglerie (lancer et rattraper pour épater), d’athlétisme (lancer le plus loin possible) ou de jeux collectifs (lancer sur une cible fixe ou mouvante pour gagner). Sur un même espace d’évolution, ils sont capables de faire la différence entre un projet d’escalade (je suis alpiniste/aventurier.e) et un projet de gymnastique (je suis acrobate).
Faire référence aux APSA dès la maternelle permet donc proposer des situations qui ont du sens pour les élèves et aide l’enseignant·e à identifier et faire évoluer les contenus dans cette logique.
Pour en savoir plus : Lire A quoi sert une classification ?
Le nombre important d’APSA existantes impose de faire des choix, en fonction des objectifs de l’école et
- de l’âge des enfants qui, en maternelle, ont des potentialités énormes. Les expériences qu’ils vont vivre vont permettre leur développement.
- des conditions matérielles de l’école. A savoir à minima :
- une grande cour (athlétisme, jeux collectifs, vélo)
- une salle d’EPS avec du matériel modulable (gymnastique, escalade)
- des tapis (gymnastique, lutte)
- du matériel à manipuler, en particulier des ballons, cerceaux, .. (GR ou jonglerie, athlétisme, jeux co)
- du matériel pour délimiter et organiser (plots, lattes, chasubles)
- du fait que les enfants ne sont pas encore autonomes, mais cependant capables de « s’entraîner » en autonomie si le projet leur plait
- des choix d’approches pluridisciplinaires avec certaines APSA (danse, orientation, athlétisme)
Des APSA plus adaptées que d’autres
Certaines activités, sous réserve d’un traitement spécifique, sont plus adaptées que d’autres aux petits et aux conditions de l’école maternelle.
APSA à programmer tous les ans à tous les niveaux :
- la danse ( danse expressive et danses traditionnelles)
- les jeux traditionnels,
- les jeux athlétiques,
- la gymnastique,
- la GR ou jonglerie (choisir le ballon en priorité).
En petite section, on peut doubler les modules (notamment celui de gymnastique) parce qu’il faut du temps pour stabiliser les apprentissages.
APSA à programmer au moins une fois dans la scolarité maternelle :
- les jeux de lutte
- la course d’orientation
- la natation
- l’escalade
- les activités de roule et de glisse (draisienne et vélo en priorité)
Finaliser l’EPS par des « évènements » sportifs ou artistiques
Toutes les activités peuvent faire l’objet de rencontres. A la fin de la scolarité maternelle, les enfants devraient avoir vécu a minima les expériences suivantes :
- Un « vrai » spectacle (de danse, de gymnastique, de cirque ou de GRS…)
- Une rencontre de jeux athlétiques
- Un bal folk (danses collectives au sein de l’école ou entre écoles)
- Une sortie de pleine nature (en forêt, parc, classe de neige ou classe verte)
- Tous les enfants devraient savoir faire de la draisienne ou du vélo sans stabilisateur.
Ainsi que :
- Avoir vu régulièrement des vidéos de sports adultes, de danse ou de cirque.
- Si possible, une sortie dans une salle spécialisée de gymnastique (sur les agrès des grands, grand trampoline, fosse… !), de judo, etc.
Divers types de programmation en fonction des salles disponibles
Les conditions matérielles vont souvent déterminer la façon de s’organiser :
A raison d’1 séance d’EPS par jour (4 par semaine), on peut faire au total 12 modules de 12 séances dans une année scolaire.
….de quoi assurer à la fois la diversité de sollicitations et une quantité suffisante de pratique pour stabiliser les apprentissages. Différentes possibilités :
- 2 activités différentes par semaine (Lundi-Mardi : gymnastique / Jeu-Ven : jeux collectifs)
- Formule stage : la même activité tous les jours pendant 1 mois (ex : gymnastique ou escalade avec du matériel itinérant qui reste installé), ex : natation tous les matins pendant 3 semaines
- 1 APSA différente chaque jour avec des séquences d’apprentissages longues
- Ex : tous les lundis : jeux collectifs dans une grande salle ; tous les mardis : gym ou
escalade avec installation du « gros matériel » ; tous les jeudis : danse(s) dans une petite
salle ; tous les vendredis : dans la cour (course ou vélo).
- Ex : tous les lundis : jeux collectifs dans une grande salle ; tous les mardis : gym ou
D’autres organisations sont possibles en fonction du contexte local. L’important est d’assurer l’horaire officiel (3h hebdomadaires)
Autres paramètres qui peuvent guider :
- Alterner individuel / collectif
- Alterner intérieur/extérieur
- Alterner activité technique / activité artistique
- Éviter les confusions de sens ou les surcharges cognitives :
- pas gymnastique et danse en même temps (si les deux sont finalisés par un spectacle)
- Pas deux sports avec ballon ou balle en même temps (ex : ballon GR , jeux co avec ballon)
Quelques exemples de programmation
Uniquement avec une salle d’EPS
Classe de Petite section
Classe de MS-GS
Avec une salle d’EPS dans l’école et un gymnase (PS-MS et GS)
Un exemple de programmation EPS à l’école maternelle
Une programmation d’école permet d’assurer une diversité d’APSA tout en assurant une stabilisation des apprentissages. Elle permet aussi un travail d’équipe sur une même période (projets communs, mise en place commune du matériel).
Intérêt d’avoir un ou une enseignante-ressource EPS dans l’école
Dans plusieurs départements, la mise en place de personnes-ressources EPS a déjà été expérimentée, sur la base du volontariat, suite à des actions de formation continue.
Intérêt :
- impulser le projet EPS au sein de l’équipe (programmation d’école, rencontres)
- aider les collègues en concevant les situations,
- permettre la co-intervention
- animer les rencontres interclasses et/ou inter-écoles et le sport scolaire (USEP)
À lire ici le témoignage d’une enseignante ressource
Ce système, qui peut être élargi aux arts, aux sciences, …permet d’assurer en équipe la polyvalence des enseignements. Une généralisation de ce dispositif serait bienvenue.
- voir l’article de Elisabeth Bautier : Enjeu de l’école maternelle, apprentissage et rapport à la culture[↩]
- Notons que dès lors que ces 4 séances sont assurées, les écoles maternelle n’ont pas besoin
d’appliquer le dispositif des 30 minutes d’activité physique par jour (APQ) en place depuis la rentrée
2022[↩]